Lettre au président ? Bernard DELZONS

Lettre au président :

Monsieur le président,

Mais à qui je m’adresse ? Au président de l’association des victimes du COVID, au président du département, au président de région, à celui du sénat, au président de la république ?

Après tout ça n’a pas d’importance.

Il me tarde de conjuguer le verbe confiner au passé composé.  Pourtant si nous sortons tous le 11 mai sans aucunes contraintes, on aura subi ce confinement pour rien.

Que ce soit dans les écoles, les entreprises, il faudrait que ça se fasse progressivement.  

Pourquoi tout ceux qui ont accès à internet et pour lesquels le télé-travail ou télé-enseignement est possible ne resteraient pas chez eux ! Cela limiterait le monde dans les transports en commun et surtout ça permettrait de mettre en place la distanciation sociale plus facilement et permettrait aux écoles et entreprises de se préparer pour la rentrée de septembre. A cette date on n’aura pas encore retrouvé la vie d’avant ! Je ne crois pas au miracle et puis Lourdes ne va pas rouvrir le 11 mai.

Il faudra porter des masques. Pourquoi ne pas organiser un concours pour le masque le plus original. Je suis sûr que le nombre de masques fabriqués exploserait favorablement. Qui ne voudrait pas être le plus tendance chez les jeunes. Les plus riches seraient contents de montrer qu’ils ont un masque de grand couturier. Pourquoi pas un masque aux couleurs de la ville, de la région, ou de son club de sport ?

Pour ma part j’en voudrais un avec le symbole de la justice. 

J’ai une connaissance qui a imaginé des masques avec des dessins olé-olé. A toute personne qui lui faisait des réflexions, elle s’offusquait en disant, mais vous êtes trop près !

On pourrait faire faire des gants de protection avec des petits cœurs ou des…

Le téléphone a sonné juste quand j’écrivais cette dernière phrase. Quand je suis revenu le document avait disparu de mon ordinateur. 

Je n’avais pas eu le temps de le sauvegarder. Je remarquais que Prosper était sur le bureau et il avait certainement appuyé sur une touche, ce qui a provoqué la suppression du document.

J’aurais pu reprendre l’écriture, mais à quoi bon, Prosper avait raison, la missive n’arrivera jamais à son destinataire, alors …

Je racontai l’histoire au toubib quand il rentra. Il éclata de rire et me suggéra d’envoyer mon courrier à la SPA. Comme je lui demandais pourquoi, il m’a répondu : “je crois qu’ils ont besoin d’un secrétaire, Prosper serait parfait ! ”

Il ne croyait pas si bien dire. Ce n’était pas une lettre que j’avais perdue pendant que je répondais au téléphone, mais un courriel. Prosper ne l’avait pas supprimé, mais envoyé, c’est ce que j’ai compris quand j’ai reçu la réponse de la Présidence de la République !

La réponse :

Beaucoup de mes copains m’ont demandé quelle avait été la réponse du château. J’imagine qu’ils ont beaucoup de minettes pour répondre au courrier qu’ils reçoivent. Moi, j’ai Prosper.

Je vous en donne ci-après un extrait :

Cher monsieur,

Nous accusons réception de votre courriel qui nous a vivement intéressé. Cependant nous avons eu l’impression qu’il n’était pas terminé. Est-ce une erreur ? 

C’est un bon point pour eux, ils lisent les courriers ! Je ne l’aurais pas imaginé.

Les suggestions que vous avez soumises à notre attention sont très pertinentes nous ne manquerons de les transmettre au gouvernement…

Il y avait ensuite une note beaucoup plus personnel que je ne divulguerai pas ici.

Le courriel se terminait ainsi.

Je vous prie de croire cher monsieur à notre sincère attention.

Birghit M’Ackron

PS :

J’aime beaucoup ton humour Léon-Paul. 

Birghit.mckron@gmail.com

Sans doute une de ces jeunes femmes qui font leur service national volontaire.

Je n’y répondrais pas personnellement à moins que Prosper fasse encore des siennes !