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Plumes et pinceaux, BMJD
25 avril 2020

Dure journée, Bernard DELZONS

Dure Journée :

 

Le matin j’apprenais le décès du chanteur Christophe et l’après-midi je trouvais deux torchons de papier dans ma boite aux lettres.

 

Le premier me traitait de tous les noms, me qualifiant de Pédé et même de pédophile parce que j’hébergeais le père médecin après m’être occupé de Julien son fils. Je n’aurais jamais imaginé une chose pareille émanant de voisins.

 

Le deuxième s’adressait au toubib lui intimant de quitter les lieux pour ne pas contaminer la résidence.

 

J’étais complètement abasourdi. Aussi quand j’ai ouvert ma porte je n’ai pas vu Prosper prendre la poudre d’escampette. Quand je m’en suis aperçu, j’ai dû me résigner à aller dans le jardin pour le récupérer. Je suis donc descendu à contre cœur tant j’étais meurtri. 

 

En bas, je l’ai tout de suite aperçu en train de fourrager dans les herbes hautes à la recherche des traces de sa copine du premier étage. Je savais qu’il fallait le laisser faire et surtout pas essayer de l’attraper. Je me suis donc assis sur un tronc d’arbre et j’ai attendu les yeux fixer au sol tant j’étais triste. 

 

Prosper n’a pas tardé à venir me rejoindre pour se faire câliner. Je le laissai monter sur mes genoux et je le caressai sans penser à rien.

Une petite voix m’a alors interpellé d’un balcon. Je levai la tête. C’était Julien avec sa mère qui veillait à ce qu’il ne tombe pas. Il ne me parlait pas, mais il disait des mots doux à Prosper qui le regardait.

 

Alors il s’est mis à taper dans ses mains. Pleins d’autres personnes sont sorties sur leur balcon et comme lui ont tapé dans leurs mains. Puis quelqu’un a crié pour Prosper :  “Hip hip hip hourra” repris en cœur par tous. Puis un autre a dit pour le juge : “Bravo à vous” là aussi repris par tous.

 

J’étais tellement ému que j’ai senti les larmes arrivées. Maintenant tous les voisins étaient sur leur balcon. Je remarquai cependant qu’il y en avait un qui était vide et que les volets s’étaient précipitamment fermés. Je savais, ainsi,  qui m’avait déposé ces colliers malodorants.

 

Je me levais et installais Prosper sur mes épaules quand le médecin est arrivé. Le jeune Julien l’a interpellé : “Pa Papa” et tous de leur balcon ont repris “Le toubib, le toubib une chanson”

De sa petite voix enfantine Julien a commencé à chanter la plus belle mélodie de Christophe que l’assistance a repris en cœur : “Je lui dirai les mots bleus, ceux qui rendent les gens heureux”

A ma grande surprise le médecin de sa belle voix grave a été capable de la chanter en entier, accompagné par les “claps” des mains de nos voisins.

 

Un tonnerre d’applaudissements retentit. On est alors rentré à l’appartement. 

Je lui tendis les feuillets qui m’avaient tant choqué. Comme il me demandait si je savais qui avait écrit ces horreurs. Je répondis par l’affirmative, et que j’allais porter plainte contre x sans donner de nom. 

 

Je préparai une affichette sur laquelle j’avais écrit : Je tiens à informer les personnes qui m’ont insulté, que j’ai porté plainte. 

Le lendemain je trouvais un monceau de lettres de soutien. Je découvris grâce à cet incident que je n’étais pas si impopulaire. La plus jolie était celle d’un enfant qui commençait ainsi : Cher Papa de Prosper…

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