Bientôt trois semaines, Bernard DELZONS

Bientôt trois semaines :

Tout le monde se Plaint du confinement, après juste trois semaines ! Moi, J’avais déjà deux semaines d’isolement quand ça a commencé. Vous me faites remarquer que je ne suis pas seul avec le petit Julien, Prosper et Arthur. C’est vrai, mais quand même Cinq semaines sans sortir, c’est long ! Cette fois je ne suis plus contagieux et je pourrais aller faire mes courses, mais je ne peux pas laisser seuls, une minute, mes trois compagnons. Alors c’est Fanny qui me fait toujours mes courses. Ce matin je lui ai fait des masques avec des serviettes en papier et des élastiques. C’est mieux que rien, parait-il !

Mon Oncle va de mieux en mieux, il se débrouille avec ses cannes anglaises, mais il ne sait pas s’il pourra rentre chez lui. Il ne manquerait plus que je sois obligé de l’héberger. Certes, il pourrait s’occuper de son perroquet, mais ça deviendrait compliquer pour l’approvisionnement.

Hier, nous avons passé un long moment sur le balcon et j’ai fait la connaissance de la maman de Julien. Nous nous étions déjà vus plusieurs fois, mais chacun assis sur son balcon, nous avons bavardé un long moment. Elle est originaire de Mauriac dans le Cantal, et moi, je suis de Murat. Alors on a parlé de nous souvenirs et on s’est découvert des amis communs. Comme quoi le monde est petit. Julien voudrait bien la voir de plus près, mais pour le moment ce n’est pas possible. Si, Sabine est immunisée, comme moi, le petit garçon ne l’est pas et son père peur ramener le virus en sortant de l’hôpital. Elle m’a appris que son fils avait un léger problème cardiaque et qu’il fallait le protéger un peu plus qu’un enfant sans problème. Pour le moment elle dort dans la chambre prévue pour leur fils, mais au moins son mari trouve des repas tout préparés quand il rentre épuisé de l’hôpital.

Prosper est venu nous rejoindre, il a voulu monter sur mes genoux, mais la place était prise par le garçonnet. Alors il a grimpé sur la balustrade pour regarder dehors et il n’a pas tardé à miauler. Ma voisine m’a dit qu’en bas, il y avait un chat noir et blanc. C’est celui de la dame du premier étage. C’est une femelle et c’est la copine attitrée de mon chat. Du troisième étage, il ne peut pas sauter sinon, il y a longtemps qu’il l’aurait fait.

Notre conversation s’est brusquement interrompue, car on sonnait à la porte. C’était un livreur qui me portait ce que j’avais commandé sur internet. J’essaie de limiter les corvées pour mon autre voisine. La tête du livreur me disait quelque-chose, sans pouvoir dire quoi, jusqu’à ce qu’il me dise : “Bonjour Monsieur Le Juge, je suis Benoit X, Vous vous êtes occupé de moi il y a trois ans.”

Alors je me suis souvenu, C’était un garçon malmené dans une famille d’accueil et je lui avais trouvé une autre famille avec laquelle il a repris goût à la vie. Je lui ai fait promettre de venir me voir après le confinement. Quand il est reparti, nous étions, lui et moi, heureux de nous être revu.

Quand je suis revenu sur le balcon, la maman de Julien était rentrée, et le garçon avait pris ma place sur le fauteuil aves Prosper installé sur ses jambes.