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Plumes et pinceaux, BMJD
25 avril 2020

Pâques, Bernard DELZONS

Pâques :

 

Je suis presque au calme dans mon appartement. Mon oncle est revenu chez lui avec Arthur son, perroquet qu’il a récupéré. Julien a rejoint sa mère dans l’appartement de ses parents, qu’ils avaient fait désinfecter avant qu’il n’arrive. Son père, le médecin habite maintenant chez moi pour éviter qu’il puisse contaminer le petit. On m’a fait un test sanguin qui a confirmé que j’avais les anticorps qui me protègent d’une nouvelle infection au COVID-19. En même temps je sers de cobaye pour vérifier au quotidien que je ne suis pas réinfecté.

On n’est jamais assez prudent avec un virus qu’on découvre à peine.

 

En fait je vois très peu le médecin, car ses horaires de présence à l’hôpital sont énormes.

La plupart du temps, il arrive quand je regarde les informations du soir. Il prend une douche, puis dans la cuisine, il mange rapidement ce que je lui ai préparé. Presque aussitôt, il part dans sa chambre et je ne le revois pas jusqu’au lendemain soir. Le matin il part tôt. Je ne me lève pas pour ne pas le déranger. 

Hier, cependant il est revenu en milieu d’après-midi. Il m’a salué, puis après un brin de toilette, il est parti dans sa chambre. Il en est sorti deux heures plus tard, les yeux encore bien endormis. Il était venu me retrouver dans le salon. Nous avons eu une longue conversation. Bien entendu, il m’a parlé de la situation dans son hôpital, mais aussi dans la région et même de ce qui se passait au niveau national. Il semble assez inquiet, en pensant que les soignants ne pourraient sans doute pas encaisser un nouveau pic de contamination à brève échéance. Toutes les équipes sont épuisées. 

Puis nous avons parlé de tout autre chose. J’avais une bonne nouvelle, car grâce à l’assistante sociale j’avais trouvé un établissement pour Julien pour la rentrée prochaine. Il y passerait quatre jours par semaine. Il serait le mercredi et le week-end avec ses parents. 

Maintenant c’est le petit garçon qui me fait des signes depuis son balcon. Il envoie toujours des bisous à Prosper s’il le voit. Je n’avais pas parlé de cet établissement à sa mère car nous nous voyons que de balcon à balcon et je ne tenais pas à ce que toute la résidence soit au courant. Le médecin se chargerait de la prévenir quand ils parleraient au téléphone. Elle devra entamer les démarches officielles pour l’admission du garçon.

 

Je lui parlé d’une amie qui avait un cancer du sein. Les soins qu’on devait lui prodiguer, étaient, semble-t-il, très perturbés par la mobilisation générale des hôpitaux autour du Covid-19. Il m’a demandé dans quel établissement, elle était suivie. Alors Il m’a fait une lettre pour son médecin. Il lui indiquait une clinique qui ne recevait aucun malade du Covid-19 et dans laquelle elle pourrait aller provisoirement. “Elle peut se recommander de moi, le directeur est un très bon ami ” avait-il ajouté.

Nous sommes sortis sur le balcon et nous buvions tranquillement une bière quand Julien et sa maman sont apparus sur le leur. Prosper était monté sur la balustrade et cherchait des yeux sa copine du Rez-de-chaussée.

 

Alors en riant il a dit à la cantonade : “Je crois bien que cette année, nous faisons tous notre chemin de croix, j’espère qu’après Pâques, on pourra commencer à voir le bout du tunnel.”  A ce moment-là on entendit un coq chanté. Nous nous sommes regardés et j’ai simplement dit : “Mais aujourd’hui c’est le vendredi saint !”

 

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