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Plumes et pinceaux, BMJD
21 janvier 2019

Deux familles décomposées de Bernard DELZONS : La famille de Farid

La Famille de Farid

Nous sommes au sud d’Alger, plus tout à fait dans la grande plaine de la Mitidja mais pas encore sur les plateaux semi-désertiques qui annoncent le Sahara. C’est une zone d’élevage de moutons et de chèvres. La plupart des habitants sont des paysans qui vivent tant bien que mal de leur activité.

Les habitations sont regroupées dans de gros villages Toutes les maisons se ressemblent, elles sont faites en terre sèche, avec un coin pour la famille, un coin pour les animaux et au milieu une cour.

La maison de Farid se compose d’une pièce à vivre, d’une chambre pour les garçons, d’une chambre pour les filles et de la chambre des parents. L’ameublement est rudimentaire, une table basse posée sur un vieux tapis, des coussins en guise de siège, une vielle armoire pour ranger la vaisselle et dans les chambres une grande paillasse à même le sol et des couvertures en laine quand le froid arrive

La famille compte les parents Aniss, au visage rugueux et buriné par le soleil et Hana la femme soumise à la volonté de son mari, deux filles, Malika vingt ans jolie et docile et Dalila la rebelle de deux ans sa cadette, deux garçons, Abdelkader tout juste 22 ans, le caractère bien trempé, qui veut régenter toute la famille et enfin Farid, le plus jeune, à peine seize ans.

C’est le soir, la famille est réunie autour d’une chorba, la soupe traditionnelle algérienne. Le repas est silencieux jusqu’à ce que le père prenne la parole, après s’être gratté la gorge.

C’est ainsi qu’il annonce à sa fille ainée qu’il lui a trouvé un fiancé et qu’elle va devoir se marier et quitter la maison. Malika se met à pleurer et à crier, puis réussit quand même à demander avec qui. C’est le fils d’une famille riche du village. Il doit avoir trente ans. Elle le connait, il est plutôt beau garçon et il semble avoir un caractère doux. Elle aurait pu plus mal tomber. Mais par principe elle se lève quitte la pièce en disant qu’elle ne veut pas de ce mariage.  

Le père furieux élève la voix pour qu’elle entende dans l’autre pièce. “C’est moi qui commande ici, tu l’épouseras ou bien tu quitteras la maison, tu entends !”

A ce moment Kader renchérit en disant que les filles, ça doit obéir. Il a à peine fini sa phrase que Dalila hurle qu’on ne lui imposera rien à elle. La mère pleure et Farid les poings serrés va vers elle l’embrasse, puis il quitte la pièce pour s’occuper des animaux dans la cour.

Quelques jours plus tard, le père du fiancé est venu faire sa demande officielle. C’était en réalité un beau mariage assez inespéré compte tenu de la situation de la famille. Mais Malika est jolie et le garçon ne peut qu’être flatté par cette union. Les deux jeunes gens se sont enfin rencontrés, finalement, ils se sont vite trouvés des points de connivence. La noce a été célébrée de façon traditionnelle et Malika a quitté la maison plutôt heureuse.

Le soir même de la fête, le père voulut fiancer sa deuxième fille. Mais elle refusa tout net, les informe qu’elle voulait se marier avec un garçon du village qu’elle connaissait. Il était beau, mais elle savait qu’elle était plus intelligente que lui et qu’elle pourrait le mener par le bout du nez.

Ni son père, ni Kader ne réussirent à la faire changer d’avis. Le garçon avait une petite fortune et comme il n’avait plus de famille, ils finirent par céder d’autant que le jeune homme n’attendait que ça. Ainsi en quelques mois les deux filles avaient quitté la maison …Un soir à table, Kader avait dit : « Et maintenant on va s’occuper de Farid Je connais un lieutenant à la caserne, je vais aller le voir, il pourra peut-être le faire entrer, il m’a dit qu’ils cherchaient des ordonnances pour s’occuper des officiers »

Farid, furieux, s’était levé puis était sorti dans le village. Quand il est revenu, sa mère était seule dans la salle et ils ont pu s’épancher librement.  Mais comme il commençait à se plaindre de son frère, sa mère l’a arrêté en le suppliant de faire attention.    

 

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