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Plumes et pinceaux, BMJD
29 décembre 2018

Deux familles décomposées de Bernard DELZONS

Départ pour l’Algérie

Le Comte a décidé qu’il accompagnerait son fils Félicien jusqu’à Sète d’où il prendrait le Bateau pour Alger. Il amènerait Mael pour ne pas faire le voyage de retour, seul.

Il devait partir le lendemain matin, assez tôt, avec une escale dans leur maison de Millau, pour récupérer le paquetage qu’avait préparé Félicien d’après les consignes que lui avait données l’armée.

Quand le réveil a sonné, Félicien entendit le bruit de la douche et il vit que Mael n’était plus dans le lit. Il s’étira, puis se leva pour aller dans la salle de bain. Il se regarda dans la glace et se décida à se raser. Il avait presque fini quand Mael sortit de la douche avec sa serviette en guise de pagne.

Frais et dispos, Mael lui adressa un « Salut Grand Frère, bienvenue dans le monde des vivants !»

Dépêche-toi, Papa doit nous attendre. Je descends préparer le café, à cette heure Alicia n’est pas encore arrivée. »

Il sortit, laissant son aîné, seul, pour finir de se préparer.

Quand Félicien arriva dans la cuisine, son père et Mael étaient en grande discussion. Il comprit que son frère voulait le rejoindre quelques jours là-bas à ses prochaines vacances, mais que ce voyage serait conditionné à la situation en Algérie et à ses résultats aux examens.

Mael, obtenait en général de bonnes notes, mais il menait de front des études de droits que lui avait imposées son père et des études de lettres pour satisfaire ses désirs profonds. Il avait l’air sombre des mauvais jours, conscient sans doute qu’il aurait du mal à remplir les conditions paternelles. Quand il aperçut son frère, il retrouva vite le sourire.

Le voyage jusqu’à Millau se passa sans encombre. Ils avaient rapidement chargé les bagages de Félicien et repris la route pour Sète. Ils s’arrêtèrent à Montpellier pour déjeuner. Le Comte avait réservé deux chambres dans un hôtel à proximité du port. Le bateau devait partir le lendemain vers quatorze heures, mais les formalités d’embarquement étaient prévues dès dix heures. Après un moment de repos dans leur chambre, ils sont ressortis, tous les trois, pour diner. Chacun raconta des histoires pour ne pas aborder la question de la séparation.

Le père les embrassa sur le pas de la porte de sa chambre.

Dans la leur, Félicien, sans doute pour cacher son stress, proposa à son frère d’aller « aux putes ». Mael devint tout rouge. Il n’avait jamais couché avec une fille, aussi il se précipita sur son frère, l’obligeant à se défendre. Mais l’aîné était plus fort, et il le maitrisa rapidement. Assis à califourchon sur son frère il ajouta tendrement « mais petit con, c’était une plaisanterie »

Mael se mit à pleurer et Félicien le prit dans ses bras pour le consoler. Ils se couchèrent et endormirent rapidement.

Le lendemain, Le Comte et Mael accompagnèrent Félicien jusqu’au port, mais une fois le billet et les papiers du lieutenant vérifiés, on leur signifia qu’ils ne pouvaient aller plus loin.  Il a fallu se séparer. Félicien embrassa son père et il prit son petit frère dans ses bras, en lui promettant une longue lettre pour lui raconter ses aventures en terre inconnue.

Mael avait les larmes aux yeux, mais son père le secoua pour le faire réagir. Ils prirent le chemin du retour et le comte donna le volant à son fils prétextant qu’il avait besoin de sommeiller.

Le bateau était imposant. C’était la première fois que Félicien montait à bord. Le personnel lui indiqua sa cabine. Il explora le bâtiment. Il trouva rapidement la salle à manger et le bar principal, où Félicien rencontra d’autres officiers. Le décor lui paraissait en complet décalage avec les paysages qui l’attendaient.  C’était rococo et désuet un peu comme il s’imaginait la décoration du « Maxime » de Paris. Après un verre ou deux en compagnie de ses nouvelles connaissances, il oublia vite le chagrin provoqué par cette première vraie séparation.

Ils étaient arrivés à sept heures à Alger. Un jeune soldat avec une pancarte à son nom l’attendait pour le conduire au centre d’incorporation locale, où il devait recevoir toutes les consignes pour vivre pendant les mois à venir. Le trajet en jeep ne lui permit de se rendre compte de ce qui l’attendait.

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